Le verre contre le mortier. Ampoules, flacons, bouteilles et godets dans l’apothicairerie (XIIIe-XVIe siècle)

Les inventaires d’apothicaires et les enluminures figurant des officines mettent en valeur les usages respectifs des conteneurs de remèdes selon leur matériau de fabrication. Face à la terre cuite et au bois, prédominants, et aux objets métalliques, s’impose le verre, moins souvent représenté mais non de moindre importance, comme en témoigne une locution proverbiale illustrée à Rouen vers 1450 et qui paraît faire allusion au métier de pharmacopole : « C’est le verre contre le mortier ».

Les objets de pharmacie en verre sont variés : aux « ampoules » dites petites ou grosses (qui correspondent, avant l’époque moderne, aux « fioles » et autres flacons), s’ajoutent les bouteilles, bonbonnes, pots en façon d’urinal et, plus inattendus, verres sans pied faisant usage de boîte. À partir du XVIIe siècle, l’inventaire s’enrichit d’albarelles et de pots canons imités des spécimens céramiques.

Les qualités techniques du verre (transparent, inattaquable aux acides, insipide) et sanitaire (aisément nettoyable) le font apprécier, voire préférer pour un certain nombre de recettes et d’ingrédients que la lecture des sources écrites permet d’isoler : sirops, eaux, conserves, voire poudres. Si leur transparence autorisait une reconnaissance visuelle du contenu, les images montrent, pour finir, que les conteneurs de verre, et notamment les ampoules, étaient étiquetés tout comme les pots de terre et conformément aux règlements de métier.

Glass Against the Mortar, Vials, Flasks, Bottles and Cups in the Apothecary (13th-16th centuries)

Inventories for apothicaries and illuminations depicting officines, all show the use of vessels according to their material. Amongst earthenware, wood and also metal containers glass tales up a privileged position as illustrated by a proverb from Rouen c. 1450 “glass against the mortar”.

Pharmacist’s objects are diverse; from vials to small or large bottles, urinals and also stemless glass used as containers. From the 17th Century onwards, the inventory is rich of albarellos and pots drawing their shapes from ceramic models.

The technical qualities of glass (inert and transparent) and its sanitary qualities (it is easily cleaned) are valued and for a certain number of recipes or specific ingredients, written sources recommend it, in particular for sirups, waters, preserves, or even powders. Even though they were transparent, images show that the glass containers, and even the vials were in the same way as earthenware pots, following trade rules of that time.

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Cet article a été publié dans Flacons, fioles et fiasques. De l’Antiquité à nos jours. Les Cahiers de Verre & Histoire no 3, Actes du troisième colloque international de l’Association Verre & Histoire, Rouen-Vallée de la Bresle, 4-6 avril 2013, Carré A.-L. et Lagabrielle S. (dir.), Paris : Éd. Verre & Histoire, mai 2019, p. 129-143.

De conservation plus délicate que les faïences, les étains et même les boîtes de bois peint, soigneusement conservées pour leur aspect décoratif, le mobilier de santé médiéval en verre est rare dans les collections muséales ou privées. Il faut considérer comme une exception les 126 verreries pharmaceutiques préservées dans un coffre italien daté de 1562-1564 [fig. 1]1. Si quelques petites fioles entières et encore étiquetées datent de la fin du XVIe siècle2, la majorité des vases de verre conservés, comme ceux de l’hôpital Santa Fina de San Gimignano, ne remonte qu’au XVIIe siècle. Les verres pharmaceutiques sont moins rares dans les fouilles, car plusieurs sites d’hôpitaux et de dépotoirs hospitaliers ont fait l’objet de recherches archéologiques, comme à Windsheimer ou encore à Rennes, place Sainte-Anne3. Les fouilles de demeures aisées ont aussi livré leur comptant d’ustensiles pharmaceutiques en verre, ainsi à Montbéliard4.

Fig. 1 — Coffre de Vincenzo Giustiniani, Londres, Science Museum, d’après Griffenhagen et Bogard, 1999, p. 14.
Fig. 1 — Coffre de Vincenzo Giustiniani, détail, Londres, Science Museum, d’après Griffenhagen et Bogard, 1999, p. 14.

Il importe donc de ne pas se fonder sur les trop rares objets préservés dans les collections hospitalières pour en déduire que le verre était minoritaire dans la pratique médicinale. Les traités de médecine et les inventaires d’apothicaireries démontrent qu’il n’en était rien. Ainsi l’apothicairerie de Pernes comportait-elle, en 1365, 68 pots en terre et 171 boîtes en bois, mais aussi 43 conteneurs de verre5. En 1439, l’inventaire de « feu Guillaume Lefort, jadis apothicaire, demourant à Dijon en la rue du Change », énumère 155 conteneurs de bois, 24 pots de terre, 6 boîtes de « morte matière » et 8 boîtes d’étain pour 64 « ampoules »6, des pots de verre. Chez Jean Forcalquier, en 1442, on compte 41 conteneurs de bois et 35 pots de terre contre 25 ampoules et 33 « amphores ou bouteilles », sans doute de verre elles aussi7. Chez Jehan de Louvegny8, apothicaire à Amiens entre 1487 et 1520, il y avait presque autant de boîtes de bois plein ou de douelles que de bouteilles de verre, à concurrence de cent pots de contenance au total. La quantité de verreries pharmaceutiques s’accroît au point de concurrencer les autres matériaux dès le début du XVIe siècle, et le vaisselier pharmaceutique comprend des objets de verre de plusieurs formes et de tailles variées, allant de la minuscule ampoule à la bonbonne, tous figurés dans l’iconographie : au XIIIe siècle, la fiole accompagne les boîtes de bois ou de terre cuite et le mortier dans un vitrail de la verrière de saint Nicolas, à la cathédrale de Chartres, ainsi que nombre d’enluminures figurant des pharmacies, des cabinets médicaux9 ou encore, sur le mode allégorique, l’officine du Christ apothicaire [fig. 2]10.

Fig. 2 — L’officine du Christ apothicaire ou « Le restaurant qui pour mort rend la vie ». Chants royaux sur la Conception, couronnés au puy de Rouen de 1519 à 1528, BnF Français 1537, fol. 82. (Cliché Bibliothèque nationale de France)

Des qualités incomparables

De l’importance des verreries pharmaceutiques témoigne un proverbe illustré à Rouen vers 1450, qui paraît faire allusion au métier de pharmacopole : « C’est le verre contre le mortier »11. Que le verre soit opposé au mortier comme le pot de terre au pot de fer de la fable d’Ésope n’est pas sans intérêt. Bien que plus fragile, le verre présente des qualités remarquables : transparent, il permet de voir ce qui est stocké dedans, et c’est pour sa transparence que le verre est requis, en bocaux, pour contenir des produits identifiables à l’œil nu12 ; chimiquement inerte, il n’interagit pas avec d’autres produits : il est inattaquable aux acides ou aux agents extérieurs ; imperméable, il se révèle idéal pour la distillation d’huiles de fleurs par enfouissement dans le sable ou le fumier alors qu’un vase de bois ou de terre cuite en prendrait la puanteur ; enfin, on peut le nettoyer parfaitement et il se révèle donc plus performant que tout autre matériau sur le plan sanitaire. Parce qu’il incarne la pureté des produits grâce à sa limpidité intrinsèque et à ses parois imperméables, il ne souffre pas, dans l’enluminure et la sculpture tardo-médiévale, de l’exploitation scatologique habituellement associée à l’image à nos yeux la plus emblématique de l’apothicairerie, la figure du préparateur au mortier13

Le bon usage du verre dans les soins de santé est bien connu des apothicaires médiévaux grâce aux traités de médecine antique, notamment Hippocrate et Dioscoride, ainsi qu’au Tacuinum sanitatis, d’Ibn Butlan, et au Livre des simples médecines, de Platearius. Dioscoride préconise par exemple le verre pour la conservation des médicaments liquides (« de verre, ou d’argent, ou de corne »)14. Ibn Butlan le conseille pour les sucs, les gommes liquides, certains électuaires tels que la hiera – sans doute la hierapigra, un dépuratif puissant à base d’aloès –, les « confectiones », ainsi que la thériaque et les épices aromatiques, qui peuvent certes être autrement serrés dans des pots d’or, d’argent doré ou de porcelaine, mais il s’agit d’objets inaccessibles à l’apothicaire occidental. Le médecin Arnaud de Villeneuve propose lui aussi le verre pour contenir les sirops, les sucs, les électuaires, notamment l’électuaire rosat15, les « condits », les gommes « et autres choses semblables »16, la thériaque, les trochisques, la confectio Gallia et d’autres confections qui exigent que les vases soient « obturata » : une fois hermétiquement clos, le verre ne laisse plus échapper les fragrances entêtantes de ces produits, preuve de leur fraîcheur et gage de leur efficacité.

Le principal défaut du verre à nos yeux, sa fragilité, n’apparaissait pas comme tel aux utilisateurs, si l’on en juge au témoignage d’un exemplum du XIIIe siècle, qui ne craint pas d’envisager métaphoriquement le verre comme une image de la longue durée : le verre bien nettoyé et conservé avec soin peut perdurer jusqu’à cent ou mille ans, y est-il expliqué ; il est certes fragile mais plus solide que le corps de l’homme, qui doit mourir17… Cette solidité n’est pas seulement métaphorique. La fragilité intrinsèque du verre n’empêche pas la commercialisation à longue distance, par bateaux : ainsi trouve-t-on mention d’« ampolle de verre » pour transporter le sirop de Chypre18. Dans les cales, les ampoules sont soigneusement rangées dans des caisses. Après achat, en Italie, les « fiasques » sont stockées dans des coffrets ou éclissées, comme le montrent un carreau de pavement de la chapelle Lando dans l’église San Sebastiano de Venise19 et la fresque du château d’Issogne [fig. 3]. La fragilité du verre paraît très relative aussi lorsque les fouilles archéologiques, comme à Metz, retrouvent dans des contextes de la Renaissance des flacons qui semblent plus vieux d’au moins deux siècles sans avoir souffert d’aucun bris20. Il est vrai que les auteurs, tel Ibn Butlan, proposent d’employer des « vasis grossis de vitro », autrement dit des verres épais ou « assez espois » (autrement dit très épais), comme le dit l’Enchirid à propos de la conservation des compositions molles. Les apothicaires savent mettre ces objets à l’abri en les stockant en hauteur, à l’abri des mouvements intempestifs, comme on le voit dans une enluminure allemande du XVe siècle21, ou en employant le système de protection le plus couramment représenté dans les images italiennes, l’éclissage qui a pour second avantage de ne pas exposer les produits au rayonnement de la lumière22. Les inventaires d’apothicaires indiquent que cette protection peut être faite d’osier tressé ou de chanvre23.

Fig. 3 — Pharmacie, fresque du château d’Issogne, XVIe siècle. (Archives de l’Assessorat de l’Éducation et de la Culture de la Région autonome Vallée d’Aoste – fonds du Catalogue biens culturels, Gianfranco Maccaferri, avec l’autorisation de la Région autonome Vallée d’Aoste)

Ces différentes qualités ont entraîné l’emploi du verre même dans des formes qui ont longtemps été l’apanage de la céramique : les alambics de la distillation et les fioles de l’alchimie, au sens scientifique du thème, la chimie. Mieux, depuis la seconde moitié du XVIe siècle, même les albarelles et pots canons peuvent être soufflés en verre24. Néanmoins, les verreries pharmaceutiques ont été concurrencées par le grès, qui se diffuse en médecine à partir du milieu du XVIe siècle et ajoute à son caractère inattaquable celui de la solidité25. Auparavant, les qualités techniques du verre (transparent, inattaquable aux acides, imperméable, insipide) et sanitaire (aisément nettoyable) l’ont fait apprécier, voire préférer dès avant le XIIIe siècle pour un certain nombre d’usages, comme la distillation [fig. 4], et, trois cents ans plus tard encore, l’on s’affronte sur la question de savoir s’il vaut mieux employer la terre cuite, le plomb ou le verre dans ce domaine. Pour Olivier de Serres, à l’orée du XVIIe siècle, l’on se servira « des seuls [vases] de verre et de terre vitrée, laissant les autres faicts d’estain, de plomb, d’érain, de fer », si l’on veut « avoir des eaux des mieux qualifiées : car c’est le propre de tous les métaux (l’or et l’argent exceptés) de donner quelque sinistre odeur aux eaux qui leur adhèrent, jusques à les infecter de leurs mauvaises qualités. Mais par le contraire, passans par le verre ou terre vitrée, sur tout par le verre, elles en sortent sans deschet de senteur, belles et claires »26. L’agronome n’en admet pas moins que le métal l’emporte sur le verre en solidité : pour un alambic, mieux vaut un ustensile en cuivre, « afin de résister à la chaleur, ce que mieux il faict que le verre ». La distillation n’exige d’ailleurs pas forcément un appareillage compliqué. À condition d’être patient, on obtient de l’huile de fleur de romarin à moindres frais et complication en déposant pendant deux mois les fleurs sous un tas de fumier ou dans du sable chaud dans une « fiole de verre »27.

Fig. 4 — L’art de la distillation, Liber de Arte distillandi de compositis, Hieronymus Brunschwig, Strasbourg, 1512, p. 41. (© The National Library of Medicine)

Des contenus variés

Les traités médicaux et les inventaires d’apothicaires montrent quels produits sont conservés en pots de verre. Le Livre des simples médecines de Platearius mentionne ainsi des « ampoules » de verre pour l’ambre, l’os de cœur de cerf et le jus de flammule28, un produit corrosif qui exige un matériau inattaquable. Les recueils de recettes médicales, tel celui de Peyre de Seyras, constitué à Avignon vers 1350, indiquent que l’on trouvait dans les fioles de verre des produits à l’odeur puissante, tel l’aloès. Les produits les plus odoriférants, comme le baume, sont eux aussi stockés en « ampoules de verre », ainsi que le précise un inventaire marseillais de 1361, afin qu’ils ne s’éventent pas. C’est dans un récipient de verre que doit être conservé le collyre d’huile d’olive à la violette, produit peu stable dont le principe actif souffre d’une fragrance éphémère, et les images montrent qu’il s’agit alors de très petits vases globulaires29 ; à la fin du XVIe siècle, c’est dans une « phyole » qu’Olivier de Serres propose de conserver le collyre30. L’huile de fleur de romarin, distillée dans une fiole de verre, est sans doute aussi conservée dans le même type de flacon.

Le souci de précision documentaire des artistes de la toute fin du Moyen Âge permet également de connaître le contenu des récipients pharmaceutiques en verre [fig. 5]. Dans la fresque d’Issogne [fig. 2]31, chaque vase éclissé est soigneusement légendé, au point que l’on peut savoir de quel produit il s’agit : des eaux, avec notamment de l’eau de fenouil, de l’eau d’épine-vinette, de l’eau de buglosse, de l’eau de mélisse, de l’eau de rose, de l’eau de violette et peut-être de l’eau de plantain et de l’eau de bistorte. Un dernier pot, étiqueté « aqua ziite », est peut-être de l’eau de civette, « zibethum », très abrégé… L’inventaire d’un apothicaire de Dijon confirme que les eaux distillées sont conservées dans des ampoules : « plusieurs Eaux estant dedans les dites aumoles »32. Dans celui de l’apothicairerie de l’hôtel-Dieu de Beaune, en 1501, sont énumérées des « fioles pleines de toutes eaux »33. En 1532, Gilles Corrozet, dans ses Blasons domestiques, mentionne des eaux de Damas, d’œillets et de roses, « qui sont en fiolles de verre encloses ». Les eaux distillées vont en « ampoulles grosses », synonymes, sans doute, de bonbonnes, les sirops de sucre en « ampoules », comme chez Nicolas Lapesse, un apothicaire de Carcassonne34 mort en 1597, et les petites ampoules ont vocation à contenir d’autres types de produits : des « ampolloni » sont utilisés pour une huile35. Soit trois modules différents du même objet36. Enfin, grâce aux produits préservés en raison de leur caractère à la fois coûteux et incorruptible, grâce aussi aux étiquettes de parchemin ou de papier qui se diffusent à la fin du XVe siècle, on perçoit quelle pouvait être la finalité des plus petites fioles de verre, non seulement destinées à contenir des liquides, mais aussi des solides précieux conservés en petites quantités. Une « ampoulette » peut ainsi contenir de l’ivoire râpé, des perles, des saphirs ; un « potet de vitre » – un petit pot de verre – des « jaccins » ou jacinthes, une pierre semi-précieuse37, des topazes, du quartz noir, de l’aigue-marine ou du béryl, classé sous l’appellation plus prestigieuse d’« émeraude »38, des rubis, du lapis-lazuli… Des plantes ou des fleurs saisonnières peuvent aussi y être stockées de sorte à leur conserver leur odeur et leur couleur : dans l’inventaire de Charles V figurent ainsi des « fioles de verre pleines de fleurs de violette »39.

Fig. 5 — Esculape dans son apothicairerie, Les Échecs amoureux, par Evrart de Conty, Hainaut, fin du XVe siècle, Paris, BnF, Fr. 9197, fol. 184v. (Cliché Bibliothèque nationale de France)

Un vaisselier professionnel et son lexique

Il apparaît que le vaisselier en verre des apothicaires médiévaux et de la Renaissance est très diversifié, bien plus que ne l’est le vaisselier domestique fabriqué dans le même matériau. Contrairement à ce que les historiens de la pharmacie semblent croire, les « vases, pots, jarres et bouteilles » ne sont pas « empruntés à l’économie domestique »40. Le verre, très cher, ne faisait pas partie de la consommation des masses encore au XIVe siècle, alors qu’il est déjà bien diffusé dans les officines [fig. 6]. C’est peut-être même, au contraire, l’économie domestique qui a emprunté à la pharmacie un certain nombre d’ustensiles, comme l’alambic, voire comme ces flacons étroits qui, dans les romans, sont censés contenir des philtres d’amour et qui sont assez proches d’un type d’unguentario italien du XIIIe siècle41. Il faut attendre la fin du XVe siècle et le siècle suivant pour voir les verres pharmaceutiques partagés par la sphère privée et la sphère professionnelle. Vers 1500, l’image figurant le vendeur de verre des Cris de Paris présente celui-ci tenant un épi sur lequel, en haut, sont accrochées de telles ampoules, petites et grandes, alors que les carafes et les verres à boire sont stockés dans des paniers tenus au bras42.

Fig. 6 — Marchand de sirop de vinaigre, Tacuinum sanitatis par Ibn Butlân, Rhénanie, 1445, Paris, BnF, Lat. 9333, fol. 92. (Cliché Bibliothèque nationale de France)

Pour bien distinguer les objets de verre domestiques des ustensiles professionnels, il importe d’examiner de plus près le lexique de ce mobilier. Les noms attribués aux objets peuvent induire en erreur. Avicenne exigeait pour conserver l’opiat un vase de verre « quod sit sicut urinale » [fig. 7]43 : cette mention laisse entendre que tous les ustensiles en forme d’urinal n’ont peut-être pas eu cette fonction, comme le montre d’ailleurs, semble-t-il, une enluminure italienne figurant des médecins conversant, l’un tenant d’une main une branche de simple et de l’autre un pot en forme d’urinal qu’il ne mire ni ne donne à mirer44. On n’est pas ici dans le cadre de la consultation et de l’uroscopie, mais dans celui de l’ostentation des simples et des remèdes. Au XVIe siècle encore, le médecin bolonais Fioravanti (1517-1588), dans son De’ Capricci Medicinali, définit l’orinale non comme un urinal mais comme un pot employé pour distiller les herbes, les fleurs, le miel et la cire : un alambic.

Fig. 7 — Hippocrate enseignant sa science à des médecins, Astronomie écrit par le Pseudo-Hippocrate, enluminé par le Maître d’Edouard IV, Bruges, vers 1485, Paris, BnF, Lat. 7321A, fol. 173. (Cliché Bibliothèque nationale de France)

Une autre difficulté provient de ce que les mots que les médecins et les apothicaires employaient ne sont pas toujours ceux que nous utilisons en archéologie. Dans les sources médiévales, plutôt que fiole, le terme le plus couramment employé est « amola » ou « ampoule ». Le mot « fiole » est introuvable dans les inventaires d’apothicaires avant le XVIe siècle, et encore J.-P. Bénézet ne l’observe-t-il que pour la Provence, mais pas en Catalogne ni à Majorque45. Ampoule et fioles sont des mots néanmoins donnés pour synonymes dans deux items au moins de l’inventaire du duc de Berry, qui mentionne « deux grans ampoules ou fioles »46. Si l’on en croit l’Enchirid publié à Lyon en 1561, ampoules et bouteilles sont deux objets distincts : dans ce traité, il est expliqué que les eaux, vins et « ius liquides » doivent être stockés « en bouteilles, flascons & ampoules de verre, ou autres vaisseaux, ayant l’orifice estroit, bien estoupez »47.

Le « pot », plus générique, est un terme également usité. On s’en sert pour conserver les poudres cordiales, qui sont en « conserves de verres » chez Nicolas Lapesse et en « potets » ou « potz de verre petitz » chez Castagnet. Ce petit pot peut même être dit « bien petit », ce qui est une graduation inférieure à « petit » : les textes culinaires emploient le trio décroissant petit/bien petit/très petit48. On trouve enfin le terme de « boîte ». Le « codignat », sorte de pâte de coing, est présenté « dans des boîtes ou de bois ou de verre », chez Nostradamus49. Mais quelles morphologies précises correspondent à ces appellations de pot et de boîte ?

« Fiole » est un terme volontiers utilisé par les archéologues comme synonyme de « flacon », lui-même donné pour synonyme de « bouteille », un terme qui désigne peut-être les bonbonnes au XVIe siècle : les eaux distillées vont en « bouteilles » chez Gillette de Mineray, en 1508, comme chez Jehan de Louvegny, apothicaire à Amiens en 152050. Historiens et archéologues ont tendance à employer un vocabulaire imprécis qui mêle le lexique ancien aux définitions modernes, facteur d’erreur. J.-P. Bénézet traduit le mot « ampoule » par bouteille alors que, en français médiéval, bouteille peut signifier gourde. Françoise Piponnier a trouvé, dans les inventaires après décès bourguignons, plusieurs mentions de « bouteilles » en cuir ou en fer-blanc51. Pour la même époque, une Bible moralisée enluminée au XIVe siècle, en langue française, parle de « porter pains et fromages et bouteilles de vin pour aller hors de la ville ». L’image peinte en regard figure ce que nous appelons aujourd’hui encore une gourde, ici non en forme de « cougourde », mais de récipient de forme circulaire emporté en voyage par marcheurs, cavaliers, pèlerins ou chevaliers52… Néanmoins, deux siècles plus tard, dans une région proche, à Lyon, on lit dans un ouvrage médical, l’Enchirid, que les produits liquides médicinaux, notamment les eaux, sont stockés en « bouteilles, flacons et ampoules ». Il ne s’agit donc pas, dans ce cas, d’un ustensile dévolu au déplacement, et pas non plus d’un objet de forme végétale, impropre au stockage sur une étagère. Des termes identiques ont pu changer de sens suivant la période.

Dans un catalogue d’exposition archéologique, la notice descriptive d’un « Petit flacon » explique qu’il s’agit d’une « Petite fiole… » et que ce genre de « petites bouteilles » est courant à la période post-médiévale53. Rendre ces termes équivalents ou interchangeables apparaît imprudent : dans les sources médiévales françaises écrites et illustrées, les « bouteilles » sont des gourdes et la forme évoquée aujourd’hui par ce nom n’existe pas encore54. Des termes vernaculaires peuvent s’y substituer. J.-P. Bénézet remarque qu’amphore peut être synonyme d’ampoule, comme à Aix-en-Provence en 1442.

Le terme de fiole semble s’imposer à partir du siècle suivant, mais sans pour autant désigner ces accessoires de faible contenance auxquels nous les associons volontiers aujourd’hui. Dans l’inventaire d’un apothicaire mort en 1622, à Marciac, Castagnet, comme dans celui de l’abbaye de l’île de Lérins, dressé le 8 novembre 1645, on trouve mention de « fioles d’un pot », le pot avoisinant le litre. À Lérins, les « fioles » sont soit d’un pot, soit d’une demi-livre, soit « petite […] d’une once », et l’on voit même mentionnée une « demi-fiole » qui fait une pinte55. Par ailleurs, le même terme de fiole vaut pour des morphologies diverses et se voit associé à des objets ronds comme de section carrée : « deux petites fioles quarrées d’une once ». En Italie, à la toute fin du XVe siècle, c’est le mot fiasco qui est employé, à l’hôpital Santa Fina de San Gimignano, pour des récipients à eau de rose et à vinaigre rosat. À la forme appelée « flascho di vitro » s’ajoutent des « bornias di vitro » dans l’inventaire de l’apothicaire Giulano di Medico, à Palerme en 145556. Les bornias qualifiées de grandes sont dites « per conservare »57 dans l’inventaire de Mariano Caltanissetta, en 1545, à Palerme. Pour la distillation, les sources écrites énumèrent des « fiasche » et des « fiaschetti », ce qui indique deux mesures différentes pour une même forme, ainsi que des « bottiglie »58.

Le nom des ustensiles s’enrichit non seulement de diminutifs mais aussi de qualificatifs relatifs à leurs dimensions : il révèle donc des métrologies et des usages spécifiques. En 1525, en France, un paiement effectué auprès d’un verrier chargé d’approvisionner une « enfermerie » énumère des « grosses fioles » et des « fioles »59. L’inventaire de l’apothicaire Peyre de Seyras, fait à Avignon vers 1350, mentionne des « amola » et des « amoleta » ou « moleta », en français « amolette », diminutif qui indique une contenance inférieure. Il existe aussi des ampoules dites « grans »60 ou « grosses »61, soit trois volumes différents. En Savoie, on trouve aussi le terme de « fiolette », pour contenir de l’huile62. Il y aurait donc au moins trois tailles de conteneurs, qu’on les appelle « fioles », ampoules ou fiasques.

Une caractéristique morphologique impose au rédacteur d’un traité savant d’ajouter au nom courant de l’objet un descriptif supplémentaire : dans un livre imprimé au XVIe siècle, le De’ Capricci medicinali de Fioravanti, la « boccia » ou « bozza » est parfois dite « dal collo lungo », ce qui laisse entendre qu’il en existe d’autres au col court. On trouvait déjà, chez Théophile, des « ampoules » à col long, « cum longo collo »63, sachant que, cinq siècles plus tard, les « phioles » contenant des décoctions et huile contre la surdité sont elles aussi dites « à long col » par Olivier de Serres qui en décrit un autre modèle destiné à la distillation, avec un « col assez large et ouvert, toutes fois inégal, afin de laisser entrer le col de l’une dans celui de l’autre » [fig. 8]. Autrement dit, des objets du même nom générique, « fiole », arborent des morphologies différentes64. Par ailleurs, le même lexique vaut pour le vaisselier religieux, ce qui ne laisse pas de compliquer les choses. Des vases pharmaceutiques en verre ont d’ailleurs été utilisés comme reliquaires65. Des accessoires liturgiques ont pu être transformés en ustensiles médicinaux. On trouve ainsi dans l’inventaire du duc de Berry, en 1414, des « burettes de voirre […] où il a dedans pouldre de violettes »66. Enfin, une configuration particulière impose l’usage d’autres mots. Il existait notamment des « ampoules doubles », appelées « massas »67. Sans doute adoptaient-elles la forme qu’a conservée l’huilier-vinaigrier, aux corps entrelacés.

Fig. 8 — Singe muni d’une ampoule (prolongée en instrument de musique ?). Marge d’un missel romain à l’usage de Rodez, France, 1479 (?), Lyon, BM, ms.  5124, fol. 233v. (Cliché Institut de recherche et d’histoire des textes – CNRS)

Que disent les images ? Des fioles ou « ampoules » de verre sont monnaie courante dans les manuscrits non seulement techniques – les livres d’alchimie – mais aussi dévotionnels : curieusement, ce n’est pas l’iconographie du cabinet médical ou de l’apothicairerie, voire de la chambre du malade ou du mourant, qui livre le plus grand nombre d’images de récipients médicinaux en verre, mais celle des Pères de l’Église, de la Vierge Marie lors de l’Annonciation, des évangélistes, notamment saint Luc, à la fois patron des peintres et des médecins médiévaux, et, par extension, des lettrés68. La grande fiole de verre représente symboliquement le savoir et, métaphoriquement, la capacité des penseurs de l’Église à guérir les âmes. La petite fiole est l’icône de la pureté et de la santé spirituelle, comme dans les heures de Marie de Bourgogne, où elle accompagne une dame plongée dans la lecture de son livre d’heures, devant une fenêtre donnant sur une chapelle ou l’église castrale69. Elle évoque la Vierge, « vase de pureté », qu’il s’agisse de l’intérieur domestique de la Vierge Marie ou de celui de dames pieuses, sans oublier les manuscrits techniques, alchimiques. Les fioles sont souvent représentées sur un mode symbolique, telle l’ampoule de verre enveloppée de flammes70 et contenant un aigle bleu ou encore la Sainte Ampoule contenant l’huile d’onction du sacre des rois de France, thème iconographique qui permet d’associer une forme au nom traditionnel d’ampoule71. On est fondé à se référer à une telle représentation lorsque l’on sait qu’un remède, appelé l’huile du roi David72, était justement conservé par les pharmaciens en ampoule, à l’instar de l’huile du sacre royal. L’ampoule du sacre, au milieu du XVIe siècle, est également représentée en gros plan sur les jetons et médailles, plus réalistes que les enluminures, la main de l’évêque fournissant une échelle de mesure73.

Sans vraiment constituer une pierre de Rosette, les manuscrits enluminés sont une source de première importance non seulement pour repérer les objets de verre à usage sanitaire mais encore, grâce au contexte, pour connaître le nom qu’on leur donnait. Ainsi, « fiole », dans un manuscrit de la toute fin du XVe siècle, est un objet rond à mince col cylindrique qui se décline manifestement en plusieurs tailles puisque lui est adjoint un adjectif qualificatif, « grans »74, démontrant que le terme de « fiole » ne s’applique pas aux seuls menus flacons. Les enluminures mettent surtout en évidence une forme plutôt mise en relation avec la vaisselle de table, le « verre » en forme de gobelet. Celui-ci n’est jamais envisagé que dans le cadre du repas. Pourtant, il est tout aussi souvent figuré dans l’iconographie de l’art pharmaceutique, qu’il s’agisse d’une image proverbiale (« le verre contre le mortier ») ou d’une image de style réaliste qui le contextualise soit dans l’officine, soit sur le terrain – ce qui est moins vraisemblable –, par exemple lors de la récolte du baume [fig. 5]75 : l’image est sans doute inspirée du conseil affiché dans les traités de conserver le baume en godet de verre. Le livre d’heures d’Engelbert de Nassau76, qui présente dans un même décor d’étagères un verre et un albarelle « hispano-mauresque » en vis-à-vis, nous invite donc à rassembler ces deux objets dans une même catégorie, celle des vases pharmaceutiques. Pot et verre, ou pot de verre, apparaissent même synonymes. L’inventaire du roi René à Angers, en 1471, mentionne un « bien petit potet en faczon de gobellet de verre blanc »77, ce qui ne laisse pas de s’apparenter au « petit vase de verre bas » que Nostradamus juge le plus approprié pour conserver les confitures pharmaceutiques dans La façon et manière de faire toutes confitures liquides, tant en succre, miel, qu’en vin cuit78. Bref, un petit verre, mais qui se reconnaît peut-être à un détail particulier : chez Olivier de Serres, c’est dans un « vaze de verre » dit « à large ouverture », que sont conservés deux types de produits, tous deux onctueux, le miel rosat et la « pommade blanche de Montpellier », utilisée pour les « fissures des mains »79.

Le verre en forme de gobelet entre dans le mobilier pharmaceutique à deux titres : il peut servir à faire boire un remède liquide au patient, comme le montrent plusieurs Tacuina sanitatis datant de la seconde moitié du XVe siècle [fig. 6], ou encore à doser une prise médicamenteuse. On sait que le principe du gobelet doseur accompagné d’une « jaugette » pour calculer les volumes existait déjà au temps de saint Louis : c’est ainsi que ce roi dosait les proportions exactes d’eau et de vin qu’il s’autorisait à consommer à table. On trouve le godet de verre présent en plusieurs exemplaires sur le comptoir d’une apothicairerie quand il n’est pas tenu en main par l’apothicaire au moment de la vente d’un sirop de julep de rose80. Dans le cabinet médical d’Esculape, figuré à la fin du XVe siècle dans un Livre des échecs amoureux, un verre est rangé entre deux albarelles en majolique [fig. 5]81. On retrouve des verres sur la table de l’apothicaire ambulant installé contre le rempart, près d’une porte de ville, dans un manuscrit flamand du milieu du XVe siècle82. On en découvre aussi, associés avec un albarelle et des fioles, jusque dans les scènes figurant l’intérieur domestique de la Vierge Marie83 : son dressoir abrite souvent plusieurs fioles, un pot de pharmacie cylindrique et un verre84. De cette présence commune du verre et du pot de pharmacie, on peut conclure que plus d’un verre dit de table retrouvé en fouille a pu être un pot de confiture médicinale ou un godet à remède liquide, surtout dans le contexte d’un établissement hospitalier.

Conclusion : le verre pharmaceutique, un témoin culturel

Comme pour tout autre pot de pharmacie, les verreries pharmaceutiques sont soumises à une stricte réglementation sanitaire qui impose l’étiquetage de tous les conteneurs. Au XVe siècle, il s’agit d’étiquettes de papier, légendées de manière à raccourcir le texte comme sur les pots de pharmacie en terre cuite : à cette date, le papier n’est plus un produit de luxe. Les apothicaires avaient du papier à revendre, vu qu’ils en commercialisaient. Déjà en 1439, chez Guillaume Lefort, on trouve des « cayers de grant papier », des « raymes [rames] et 13 quayers de papier d’estrasse »85. À cette période, les enluminures ne manquent pas de faire figurer une petite ramette de feuillets de papier carrés sur les étagères des apothicaireries. En Italie, les apothicaires disposaient dans leurs officines de feuillets pré-calibrés, massicotés, pour faire des cornets pour la vente mais aussi des étiquettes : on trouve dans leurs inventaires des « carta da scrivere » et des « carta reale per far polizze » pour les vases86, ainsi que « per chiudere i vasi », pour fabriquer des couvercles pour les pots87. L’étiquetage, facile pour les pots à large panse, paraît poser davantage de problèmes pour les formes à long col. Fixées sur des cols longs de faible diamètre, les étiquettes débordent de part et d’autre, comme on le voit sur un exemplaire imprimé à Rouen du Livre des propriétés des choses, de Barthélemy l’Anglais, avec un modèle d’image repris quatre ans plus tard pour le Livre des profits champestres, de l’agronome bolonais Pierre de Crescens88. Mais d’autres images, figurant les mêmes pots de verre, montrent les étiquettes normalement collées sur la panse89. Un Tableau de santé allemand de la fin du XVe siècle montre aussi, au milieu d’une série de vases de verre aux étiquettes collées sur la panse, un autre système, celui de l’étiquette flottante attachée au col par une ficelle90, ce qui permet un usage interchangeable de la fiole ou ampoule.

Ces vases de verre, comme le précisent les sources normatives, doivent être soigneusement bouchés afin de préserver les propriétés des remèdes. Les images figurent les systèmes de bouchage, simples pour la plupart : seule une enluminure permet d’envisager le cas du sifflet, système pratiqué au XIVe siècle pour les cornes à boire, et qui présente l’avantage, pour un pot à usage médical, d’autoriser le versage au compte-gouttes. Sinon, en l’absence de tout bouchon de verre, d’autres procédés sont employés : un fruit odorant posé sur l’ouverture du col, plus souvent du tissu ou du parchemin fin enroulé autour du goulot ou du col et lié par une ficelle, ainsi qu’on peut encore l’observer sur une gravure au burin, datée de 1559, par Pieter Van der Heyden d’après Bruegel l’Ancien, La Sorcière de Mallegem. Il peut encore s’agir d’un bouchon de papier plié et enfoncé dans le goulot d’une fiole piriforme91. Pour des produits odoriférants tels que le camphre, des « chapeaux » de tissu, « capelline per turare i fiaschi »92, coiffent le goulot tubulaire vertical des pots de verre de l’hôpital Santa Fina de San Gimignano. Les recueils de recettes invitent à envisager une succession de bouchons pour un même pot. Par exemple, dans le Chaz Monsur, un manuscrit d’économie domestique composé en Auvergne au XVIIe siècle, il est précisé, à propos du sirop de capillaire, que « le premier jour, vous ne boucherez vos bouteilles qu’avec du papier, et le lendemain vous les boucherez avec un bouchon de liège »93. Il n’est pas impossible que les dessinateurs aient choisi de figurer, bouchés par du papier, des produits fraîchement composés, insistant ainsi sur la qualité du travail de l’apothicaire. Quant aux bouchons en matériaux durs, nul n’apparaît, dans l’iconographie médiévale, associé au verre, pas plus qu’à la céramique d’ailleurs : une seule enluminure figure un petit pichet de terre grise ou de grès bouché par un cylindre de la couleur du bois94. À titre transitoire, les soignants privilégient, à défaut de bouchon de carafe, un verre retourné sur le goulot d’un flacon, comme dans la fresque de l’hôpital de la Scala, à Sienne, sur une étagère au-dessus du lit d’un agonisant. Ce sont ces deux mêmes objets que l’on retrouve au chevet du malade greffé de la jambe par saints Côme et Damien : ainsi la fiole et son verre sont-ils indissociables, tout autant emblématiques de l’iconographie du soin médicinal que l’urinal dans la main du médecin.

Danièle Alexandre

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Figures

Notes

1.  ↑  Coffre de Vincenzo Giustiniani, Londres, Science Museum ; voir Griffenhagen et Bogard, 1999, p. 14.

2.  ↑  Una farmacia, 1981, fig. 3.

3.  ↑  Voir Janssen, 1995 ; Rennes : fouille dirigée par D. Pouille, étude du dépotoir par F. Labaune-Jean (INRAP Grand-Ouest).

4.  ↑  Cantrelle et alii, 2000, p. 96-98.

5.  ↑  Jacquart et Micheau, 1990, p. 221.

6.  ↑  Dorveaux, 1892, p. 13.

7.  ↑  Démians d’Archimbaud, 1982, p. 108.

8.  ↑  Thorel, 1906, p. 150.

9.  ↑  Par exemple, Vincent de Beauvais, Speculum humanae salvationis, 1475. Vienne, ÖNB, ms. 3085, fol. 34v, ou Barthélemy l’Anglais, Livre des propriétés des choses, Bruges, 1482. Londres, BL, ms. Royal 15 E II, fol. 165.

10.  ↑  Chants royaux sur la conception couronnés au puy de Rouen, France, 1519-1528. Paris, BnF, Fr. 1537.

11.  ↑  Livre d’heures à proverbes, Rouen, milieu du XVe siècle. Paris, BnF, Nal 3134.

12.  ↑  Notice « Raisins secs », Tacuinum sanitatis, Italie, XIVe s. Vienne, ÖNB, Cod. Series Nova 2644 ; notice « Coliandorum » dans le Tacuinum sanitatis de Liège, Italie du nord, XIVe siècle. Liège, BU, ms. 1041. Voir les bocaux de San Gimignano, hôpital Santa Fina, fin du XVIe siècle : Una farmacia, 1981.

13.  ↑  Au pire, on peut trouver une figure de singe pelotonné avec sa grande fiole dans les bras, mais en marge d’une scène dont la pureté ne fait pas de doute, une Naissance de la Vierge, dans un missel aux armes des Beaufort-Canillac. Lyon, BM, ms. 5124, fol. 233v, début du XVe siècle.

14.  ↑  Bénézet, 2007, p. 16.

15.  ↑  Ibid., p. 25.

16.  ↑  Ibid., p. 20.

17.  ↑  Schmitt, 1985, p. 208.

18.  ↑  Balard, Hoquet et al., 1994, p. 110.

19.  ↑  Image dans Dumortier, 2002, p. 114.

20.  ↑  Metz 1996, p. 69-70, notice 8. Idem dans l’iconographie : Heures Raguier-Robertet, saint Luc, XVe siècle, New York, PML, M 834.

21.  ↑  Koffmanbuch, Allemagne du Sud, 1511. Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Cod. Guelf. 18.4 Aug. 4°.

22.  ↑  Avicenne, Canon, Italie du Nord, v. 1440. Bologne, Bibliothèque universitaire, ms. 2197 ; Bénézet 2007, p. 32.

23.  ↑  Ibid., p. 37.

24.  ↑  Bénézet 1999, p. 116-117 et 120 ; Metz, 1996, p. 139, n° 237 ; p. 123, n° 183 ; p. 124 et 148-149 ; Les Fouilles, 1992, p. 379 ; Le Verre, 2007, p. 8 ; Foy et Sennequier, 1989, p. 332 et 334.

25.  ↑  Voir les petites bouteilles de grès gris contenant des graines de pavot retrouvées dans le dépotoir du château de Grigny, à Hesdin, daté des années 1630-1640 : Dilly et al., 1999, p. 56.

26.  ↑  Serres, 2001, p. 1298.

27.  ↑  Ibid., p. 1300.

28.  ↑  Paris, BnF, Fr. 9136, fol. 23 et 118.

29.  ↑  Petits pots ou fioles de verre pour onguent pour les dents et collyres : Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, France, v. 1430. New York, ms. M 165 ; Razès, Hauy seu continens, Naples, v. 1280. Paris, BnF, Lat. 6212.

30.  ↑  Serres, 2001, p. 1311.

31.  ↑  Château d’Issogne (Val d’Aoste), fresque, détail, L’apothicairerie, v. 1500.

32.  ↑  Dorveaux, 1892, p. 14.

33.  ↑  Dorveaux, 1908.

34.  ↑  Sarcos et Mullot, 1910.

35.  ↑  Una farmacia, 1981, p. 51.

36.  ↑  Corrozet, 2008, p. 31. Paris, BnF, Impr., Rés. Ye 1380.

37.  ↑  Bénézet, 2007, p. 37 et 42.

38.  ↑  Una farmacia, 1981, p. 149-151.

39.  ↑  Cité dans Taburet-Delahaye, 2009, p. 52, note 15.

40.  ↑  Bénézet, 2007, p. 36.

41.  ↑  Par exemple dans le Roman de Tristan et Iseut. Paris, BnF, Fr. 112, fol. 239 ; un équivalent archéologique : « unguentario » de verre, XIIIe siècle, fouilles de Fiorentino (Pouilles), dirigées par (†) Françoise Piponnier. Voir Calò Mariani et Cassano, 1996, p. 506, notices 12.1.33 et 12.1.34.

42.  ↑  Paris, Arsenal, Est. 264 Rés.

43.  ↑  Bénézet, 2007, p. 18.

44.  ↑  Manfredo de Monte Imperiali, Liber de herbis, Italie, 1re moitié du XIVe siècle. Paris, BnF, Lat. 6823, fol. 1.

45.  ↑  Bénézet, 2007, p. 31.

46.  ↑  Gay et Stein, 1886-1928, p. 456 et 31.

47.  ↑  Dusseau, 1561, p. 129.

48.  ↑  Sur le vocabulaire et la métrologie de la cuisine, voir Alexandre-Bidon, 2015.

49.  ↑  Nostradamus, 1979, p. 63.

50.  ↑  Thorel, 1906, p. 150.

51.  ↑  Gay et Stein, 1886-1928, p. 456 et 31.

52.  ↑  Paris, BnF, Fr. 166, fol. 99. Voir Id., ibid., p. 237, note 13.

53.  ↑  Metz, 1996, p. 123, n° 181 et 182 et p. 91.

54.  ↑  Foy et Sennequier, 1989, p. 250-251.

55.  ↑  Bénézet, s.d.

56.  ↑  Daidone, 2005, p. 213.

57.  ↑  Ibid.

58.  ↑  « Un fiaschetto medicato con li manichi tutto biancho », Ibid., p. 218 ; Una farmacia, 1981, fig. 9.

59.  ↑  Gay et Stein, 1886-1928, vol. 2, p. 455, notice « Verre ».

60.  ↑  Gay et Stein, 1886-1928, p. 456 et 31.

61.  ↑  Sarcos et Mullot, 1910.

62.  ↑  Riedmatten, 2004, p. 81.

63.  ↑  Gay et Stein, 1886-1928, p. 31, notice « Ampoule » ; Théophile, 1977.

64.  ↑  Serres, 2001, p. 1318 et 1303.

65.  ↑  Voir Metz, 1996, p. 69, notice 6. Cette confusion des genres s’explique par la métaphore répandue du Christ apothicaire.

66.  ↑  Gay et Stein, 1886-1928, vol. 2, p. 461, notice « Verre de Damas ».

67.  ↑  Bénézet, 2007, p. 33 et 37.

68.  ↑  Par exemple, Paris, BnF, Fr. 911, fol. 31.

69.  ↑  Vienne (Autriche), BN, Codex Vindobonensis 1847, fol. 43.

70.  ↑  Photo dans Roob, 1997, p. 128.

71.  ↑  Le pot contenant l’huile miraculeuse tombée du ciel pour permettre à saint Remi de baptiser Clovis figure dans toutes les scènes de sacre. Voir, par exemple, le Sacre de Charles V, Grandes chroniques de France, France (Troyes), début du XVe siècle. Toulouse, BM, ms. 512.

72.  ↑  Bénézet, 2007, p. 19.

73.  ↑  Avers du jeton du sacre de François II, 1559. Paris, BnF, Dpt des Médailles et monnaies, inv. Jeton rois 117. Voir Aspects, 1998, p. 284.

74.  ↑  Jean Gerson, Le Trésor de Sapience, XVe s. Chantilly, musée Condé, ms. 147.

75.  ↑  Platearius, Livre des simples médecines : Paris, BnF, Fr. 12322, fol. 187v ; Saint-Pétersbourg, ms. Fr. F. v. VI, 1 ; France, fin du XVe siècle. L’artiste, qui œuvrait à Cognac, a pu associer l’objet au baume en raison des ateliers de verriers de la Sainte-Baume, qui donnaient les « verreries les plus blanches [transparentes] et les meilleures ». C’était une curiosité touristique appréciée, dans les années 1470, des visiteurs étrangers. Voir Lagabrielle, 2000, p. 73.

76.  ↑  Maître de Marie de Bourgogne, Livre d’heures d’Engelbert de Nassau, v. 1480-1490, Oxford, Bodleian Library, ms. Douce 219-220, fol. 145v-146, Flandre, XVe siècle.

77.  ↑  Gay et Stein, 1886-1928, p. 457.

78.  ↑  Nostradamus, 1979, p. 41v et 51.

79.  ↑  Serres, 2001, p. 1339 et 1327.

80.  ↑  Tacuinum sanitatis, rubrique « Sirop de vinaigre », Italie, XIVe s. Vienne, ÖNB, ms. Series nova 2644 ; Enchiridion virtutum, Venise, fin du XVe siècle. Vienne, ÖNB, ms. 2396.

81.  ↑  Evrart de Conty, Le Livre des échecs amoureux, France, fin du XVe siècle, Paris, BnF, Fr. 9197.

82.  ↑  Histoire de Charlemagne, Audenarde, 1458-1460, Bruxelles, BR, ms. 9066.

83.  ↑  Paris, BnF, Fr. 9197 ; Livre d’heures d’Engelbert de Nassau, v. 1480-1490 ; Hugo van der Goes, Nativité, panneau central du triptyque Portinari, 1475, Florence, Offices.

84.  ↑  Saint-Pétersbourg, ms. Rasn. O. v. I,6, fol. 112, Heures dites de Luxembourg, Bruges, 2quart du XVe siècle.

85.  ↑  Dorveaux, 1892.

86.  ↑  Una farmacia, 1981, p. 50-51.

87.  ↑  Ibid., p. 50.

88.  ↑  Barthélemy l’Anglais, Livre des propriétés des choses, Rouen, Richard Macé, 1512 ; Pierre de Crescens, Le Livre des profits champestres, 1516, Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève.

89.  ↑  Photo dans Boockmann, 1986, p. 114 ; vers 1480, un tableau figure une nonne méditative, un livre à la main, devant une petite pharmacie murale intégrée au mur du couvent : ibid., p. 229.

90.  ↑  Conradi, 1973, p. 120.

91.  ↑  Par exemple sur une gravure satirique de Hans Weiditz, « Le Coq charlatan », v. 1522.

92.  ↑  Una farmacia, 1981.

93.  ↑  Chaz Monsur, 1977, p. 27.

94.  ↑  Paris, BnF, Lat. 873, fol. 127v.